Une journée courte, pour une fois. La médecine, ce n'était pas le cursus le plus simple ni le plus abordable, en réalité. Je comprenais depuis maintenant cinq ans, la chance que j'avais eu d'y être entré, et d'y être resté ! Ainsi, je mettais toujours les bouchées doubles en cours, et j'adorais ça. En même temps, j'étais un Serdaigle, toujours plongé dans mes bouquins, selon mes camarades de cours. Oui, je passais la plupart de mon temps à étudier, et alors ? Au moins, je l'aurai mon cursus, et je deviendrais Médicomage ! L'un des meilleurs, c'était mon rêve depuis tout gosse. Livre en main, je me dirigeais vers la tour de Serdaigle, faisant un minimum attention à mon entourage, histoire de ne renverser personne. Et je lisais, je ne parlais pas, je n'étais pas accompagné et j'étudiais tout en marchant.

Il me fallut un peu plus de temps que d'habitude pour arriver à la Salle Commune, je ne marchais pas aussi vite quand je lisais. Mais j'y arrivais tout de même. J'avais encore une fois oublié que les Poufsouffle logeaient chez nous depuis l'inondation des sous-sols. Je m'en aperçus cependant bien vite en voyant une écharpe jaune et noire sur un des fauteuils de la Salle. Je fermais mon livre et ce fut à cet instant que je la vis. Un grand sourire apparut sur mon visage.

« Anna ! Comment vas tu ? »

J'allais vers elle et la pris spontanément dans mes bras. Étant enfant unique, j'avais manqué de la présence de frère et sœur étant enfant. Et j'avais trouvé Anna. Anna était la petite sœur que je n'avais jamais eu. Je savais qu'elle même avait une sœur aînée qui l'avait délaissée, elle m'avait vaguement parlé de cette histoire, et je ne l'avais pas forcée à entrer dans les détails, c'était certainement bien trop douloureux pour elle. Mais au final, nous étions tous les deux comme une famille, sans ambiguité ni de l'un ni de l'autre côté. Juste comme frère et sœur. Et je ne voulais pas perdre ça.

Je l'embrassais sur la joue et lui souris.

«  Tu n'as pas cours ? Tu veux qu'on fasse quelque chose ? J'ai fini pour la journée. »

Cela faisait un moment que je n'étais pas sorti faire une balade avec elle, manger une glace, ce genre de chose qu'on peut faire quand on est frère et sœur. Autant en profiter maintenant, si elle avait du temps à me consacrer.

Elle était mignonne. Toujours à penser aux autres avant de penser à elle-même. C'était pour ça que je l'appréciais autant altruiste comme elle, il en existait rarement dans ce monde. Même moi qui me targuait de travailler pour les autres, je ne lui arrivais pas à la cheville. Quitte à passer après tout, elle pensait toujours à vous avant de penser à elle. Je l'admirais énormément dans le fond. J'aurai aimé être comme elle, ne penser qu'aux autres. Mais je ne pouvais pas m'empêcher de penser un peu à moi dans le fond. Je lui souris et lui caressais doucement la joue, comme un grand frère le ferait avec sa jeune sœur.  

« Hey... Si je te propose, c'est que je n'ai pas de travail, je me suis pas mal avancé hier, je n'ai plus rien à faire avant demain... Mis à part lire un livre, mais je prendrais une heure pour le faire ce soir. »

Je lui souris. Cela faisait un petit moment que je n'avais pas passé un peu de temps avec elle, et ça me manquait un peu. Bon, nous n'étions pas accro l'un à l'autre non plus, mais elle était une des rares filles de cette école avec qui je me sentais à l'aise, avec qui je pouvais dire ce que je voulais sans  être juger, avec qui je ne faisais pas semblant d'être un autre... Avec qui je ne cachais pas mes cheveux, qui venait de brutalement virer au turquoise sans raison apparente. Génial... J'aimais tout simplement passer du temps avec elle, je l'aimais comme une sœur... Peu de gens pouvaient le concevoir, mais nous, si. Je me penchais sur elle et déposais doucement un baiser sur son front.

« J'ai toute mon après-midi à te consacrer, ma petite libellule ! Tu as des idées, sans doute ? »

Je lui souris. J'étais quelqu'un de très affectueux, avec les personnes que je connaissais. Anna avait presque le monopole de mon affection pour les demoiselles. Elle était celle avec qui j'étais le plus proche, mis à part ma mère... Et comme je n'avais jamais eu de petite amie, le tour était plutôt vite fait. Au moins, je n'étais pas bridée, je refuserai de toute manière une femme qui me bridait, et ce dans tous les sens du terme. J'avais bien des vues sur une fille, mais je doutais sincèrement qu'elle s'intéresse à moi. Ou alors seulement parce que j'étais métamorphage. Je lui souris. Je serai bien sorti à Pré-au-Lard lui payer une glace ou quelque chose de ce genre, mais je la laissais choisir. Aujourd’hui, je faisais ce qu'elle voulait.