Automne avait retrouvé son courage, elle retrouvait des forces ainsi qu’une certaine joie de vivre qui l’avait habité depuis toujours. Elle cherchait la force mentale qui l’avait habité pendant toute sa vie, celle qui l’avait soutenue lorsque sa mère était morte et celle qui l’avait épaulée lorsque son père l’avait abandonnée. Automne Chesterfield était une personne forte et qui se devait de ne pas faiblir. Mais ce n’était pas chose facile. Chaque nuit depuis la rentrée, lorsqu’elle parvenait à dormir, la voix du Mage Noir raisonnait dans sa tête, la persécutant de tout son soule. Parfois elle imaginait qu’il s’en prenait directement à elle, l’effrayant encore plus. Elle criait souvent, elle pleurait aussi beaucoup sans le savoir. Par le passé, son sang ne l’avait jamais dérangée mais en se rappelant ses cours d’Histoire de la Magie dans lesquels ont leur apprenait ces histoires de Voldemort et tout ce qu’il faisait subir aux sangs impurs, elle frissonnait et avait envie de rentrer à l’orphelinat. Mais  elle n’était pas une lâche. Quand bien même sa famille était désormais dans le monde des Moldus, une autre partie de son cœur demeurait à Poudlard.

D’un pas trainant, elle était partie à la bibliothèque, saluant  au passage quelques amis qu’elle croisait. Aujourd’hui, elle n’avait pas cours mais il fallait qu’elle travail. Quand bien même un nouveau Mage Noir était de retour, les examens restaient d’actualités et elle n’avait aucune envie d’essuyer un échec. Elle n’était pas du genre à bosser sans s’arrêter, rester tout le temps le nez dans ses bouquins, mais elle n’aimait pas avoir une mauvaise note car alors elle se prendrait trop la tête avec ses études et elle n’aurait plus l’impression de vivre. Ainsi, passant la porte de la pièce, elle avait vu quelques élèves déjà présents, un livre à la main et la plume gribouillant le papier. Distraitement, elle s’était faite la remarque que beaucoup devaient être des Serdaigles, mais à cette pensée elle se referma. Son amie était parmi cette maison, une amie qu’elle appréciait et qu’elle avait lâchement trahie. Un coup de poignard dans le dos, voilà ce qu’elle lui avait donné. Ce n’était pas digne d’Automne d’agir ainsi, mais à bien y réfléchir, trop peu de choses étaient digne d’elle. De nombreuses fois ses agissements lui avaient fait honte ou l’avaient placée dans de mauvaises situations. Un jour, la goutte d’eau déborderait du vase et alors seulement elle comprendrait qu’elle devrait se reprendre, mais ce n’était pas pour tout de suite.

Elle s’était installée à une table seule près de la fenêtre, appréciant la lumière du soleil qui venait caresser ses papiers à travers la vitre. Ses bouquins de sortis, la plume à la main, elle avait commencé à travailler comme il le fallait. Ce n’était, au départ, pas une chose bien simple étant donné son esprit un peu divagant entre le Mage Noir et l’orphelinat, mais au bout de quelques minutes sa concentration était complète. Pas un seul bruit ne pouvait la déranger, pas un seul murmure, grincement de chaise ou encore froissement de papier n’avaient réussi à détruire le calme qui régnait en elle. Mis à part une voix, un peu plus forte qu’un chuchotement et peut être aussi plus timide. Elle avait relevé la tête alors que la demoiselle partait, haussant le sourcil face à cette situation. « Ce n’est pas malpoli ni ridicule, c’est juste … inattendu. » Elle lui avait sourie pour lui montrer qu’elle ne la dérangeait pas. Il était vrai qu’elle ne s’était pas du tout attendu à une pareille intervention, trop plongée dans ses devoirs elle n’avait même plus eut conscience du monde qui l’entourait. Sûrement l’aurait-elle laissé partir, désirant garder sa solitude ou sa concentration. Puis, elle s’était faite la remarque que cette demoiselle pourrait lui changer les idées. Rencontrer de nouvelles têtes, se créer de nouveaux liens, voilà ce qu’il fallait qu’elle fasse. Alors, elle avait rangé les affaires à côté d’elle afin de laisser de la place pour sa camarade. « J’ai fini de travailler de toutes façons, si tu veux tu peux venir t’asseoir. » Elle avait tiré la chaise à sa droite, l’invitant à venir s’y installer.

Pendant quelques instants, elle l’avait fixé de ses yeux bruns. Son visage lui rappelait vaguement quelque chose. Elles avaient dû se croiser dans les couloirs, s’était évident mais il y avait autre chose. Alors elle s’était souvenue. « Tu ne serais pas la sœur de Elsa par hasard ? » Car oui, Automne connaissait beaucoup de noms et de visages, surtout venant de cette famille. Elsa avait été dans sa classe à de nombreuses reprises et souvent elle lui avait parlé, se heurtant aussi beaucoup à un mur de glace à chacune des tentatives. Alors, en voyant le visage de la demoiselle, elle s’était rappelée Elsa. Peut-être était-ce sa mèche blanche ? ou encore des traits familiers qui les unissaient par le sang ? Automne n’aurait su dire vraiment mais son intuition agissait comme à chaque fois et elle préférait se laisser parler plutôt que de rester avec des questions sans réponses.

Elsa Arendelle. Oui elle s’en rappelait. Elle lui ressemblait tout en lui étant différente. Physiquement, il n’y avait pas réellement de similitudes et pourtant, Automne ne pouvait s’empêcher de remarquer un air… de famille. Mais elle avait senti comme un regret. Idiote petite Chesterfield. Tu parles sans réfléchir, tu fais mal aux gens qui t’entourent. Cesse d’exister et alors le monde se portera mieux. Non, il fallait positiver. De bonne humeur, elle ne voulait pas laisser ses sentiments noirs s’imposer en elle. Alors elle s’était concentrée sur la demoiselle en face d’elle. Son visage – ou du moins son regard – s’était changé à l’appelle de sa sœur. Elle avait touché une corde sensible. Curiosité maladive, que lui feras-tu accomplir encore ?
La demoiselle avait balayé toutes futures questions en y répondant. Et pourtant, elle en avait apporté de nouvelles dans l’esprit de la gryffondor sans vraiment le savoir. Elle l’avait laissée continuer, la fixant de son regard sérieux et rempli d’une étincelle malicieuse. Le sourire aux lèvres, elle sentait que sa journée allait l’amuser. Oui, elle voulait être de bonne humeur en se levant et cette jeune fille qui l’avait interpelée d’une manière plutôt inattendue venait de lui proposer une fin plutôt agréable.

Nouvelle question. Que crois-tu ? Tu crois pouvoir la berner ainsi Arendelle ? Ne cherches pas, tu es piégée. Enfermée dans sa prison, elle veut savoir. Avide de potins, avide de tout savoir. Elle cherche les histoires des autres, elle cherche à soigner les blessures, fermer les cicatrices pour qu’elles restent closent et pourtant c’est d’elle-même qu’elle devrait s’occuper.  « Je m’en sors plutôt bien oui. » Le fait qu’elle ne pose pas la même question à sa camarade montrait parfaitement qu’elle ne cherchait pas à continuer sur cette route. « Mais qu’est-ce qu’il s’est passé avec Elsa ? Comment ça se fait que vous soyez devenues des inconnues ? » Sans tact, sans prendre de pincettes, sans craindre de la faire fuir, elle s’aventure sur ce terrain miné. Peut-être qu’elle allait s’enfuir, mais il faut avouer que ce n’était pas vraiment ce dont Automne se souciait.

La curiosité est un vice qu’elle devrait éradiquer de son être. Trop curieuse elle voudrait en savoir plus, elle pose des questions qu’elle devrait garder silencieuse. Et pourtant elle veut savoir. Elle cherche à comprendre ce qui est arrivé, pourquoi c’est arrivé. Je ne dis pas par là qu’elle veut arranger tous les problèmes du monde – loin de là elle en a déjà bien assez avec elle même – mais elle veut savoir. Et pourtant elle voyait bien que ça dérangeait Anna de lui parler de cette relation. Evidemment, il en aurait été de même pour Automne. La culpabilité la conquit rapidement mais sa curiosité était intacte. Et quand tout lui avait été déballé, d’un coup comme un coup de fouet, elle avait ouvert grand les yeux. Non, elle aurait dû se taire. Elle n’aurait pas dû adresser la parole à cette demoiselle. Elle aurait dû seulement la laisser partir. Elles auraient dû en rester là. Car alors elle sentait le mal qu’elle causait. Elle sentait qu’Anna n’allait pas bien, que c’était douloureux de se rappeler de cela. Et pour sûr, c’était normal. Elle aurait aimé faire quelque chose, mais que pouvait-elle faire contre une peine familiale ? Elle était perdue, peut-être seule et elle ne cherchait qu’à se faire des amis. Automne le comprenait et sa culpabilité ne faisait qu’enfler de plus en plus. Comment pourrait-elle corriger le tir ? Comment pourrait-elle sauver la discussion sans paraître trop étrange ?
Alors elle avait posé sa main sur l’épaule de la jeune Pouflsouffle. « Je … je suis désolée je n’aurai pas dû poser la question. » Lunatisme ou prise simple de conscience ? Elle ne savait et elle s’en moquait complètement. Puis, terrifiée par le silence qui s’installait entre elles deux, elle avait tenté d’arborer son plus amical sourire. Attrapant donc une feuille de papier, la pliant habilement comme on lui avait appris à de nombreuses reprises, elle le façonna tel un avion d’écolier. Elle l’avait  posé sur la table et d’un simple « Wingardium Leviosa » le bout de papier s’était élevé dans les airs. D’un coup d’œil à sa camarade elle lui avait murmuré pour que personne n’entende  ce qu’elles mijotaient. « On l’envoie dans les cheveux de qui ? »