Marie est née le premier mai deux-mille trente-trois, juste avant son frère Benjamin, et juste après son autre frère Théodore. Elle a toujours vécu dans le confort et avait tout ce qu'elle désirait. Elle n'en a pas été pour autant une petite fille pourrie gâtée et capricieuse, non. Elle respectait les règles d'un petit cadeau par jour par exemple.

En fait, jusqu'à ces cinq ans, il ne lui été rien arrivé de palpitant. Elle apprenait le piano avec son frère Benjamin, elle admirait les peintures de son frère Théodore, et faisait tout ce qu'elle pouvait pour respecter à la lettre les règles de bienséance que sa mère lui demander d'appliquer. Son seul but dans la vie était de faire plaisir à sa chère maman, car celle-ci devait être bien fatiguée de devoir s'occuper de trois enfants, sans un homme pour l'aider. A ce propos, la petite fille ne s'était jamais demandé qui été son père, pour elle il n'y avait que sa mère et ses frères. Et Edgar aussi, son majordome. Elle l'adorait, car il faisait tout ce qu'elle voulait, et ce qu'elle voulait le plus souvent, c'était qu'il la porte sur ses épaules. De toute la famille, c'était elle qui restait le plus longtemps avec ce vieux monsieur étrange, pas très souriant, mais de bonne compagnie.

Seulement voilà. Elle était encore trop petite pour comprendre les affaires des grands. Et elle était loin de s'imaginer qu'il serait aussi cruel.
Ce qu'elle ne savait pas, c'était qu'il y a des années de cela, sa mère n'était même pas encore née, Adélaïde Duroy, sa grand-mère, était éperdument amoureuse d'Edgar. Et oui, le majordome situé juste au-dessus, elle lui avait promis que quoiqu'il arrive, à sa mort, elle lui léguerait une partie de son héritage, par amour. Mais elle fut contrainte d'épouser un homme de sa classe sociale, dont elle tomba finalement amoureuse au fil des années. N'ayant tout de même pas voulu laisser Edgar à son triste sort, elle l'engagea en temps que majordome. Le mari d'Adélaïde succomba à une maladie et celle-ci fut veuve à quarante-cinq ans. Pour Edgar, il y avait alors encore un espoir de la reconquérir. Enfin, c'était ce qu'il croyait, car elle chérissait plus sa fille et ses petits enfants que lui. Et lorsqu'il apprit que finalement, tout son héritage irait à sa fille et à ses enfants, il fut prit d'une colère noire et mijota un plan.

Il emmena Daphné, la fille d'Adélaïde, Marie, Benjamin et Théodore faire une promenade sur une barque, le long d'un fleuve. Il capta enfin le seul moment d’inattention des quatre personnes pour faire chavirer la barque. Il savait pertinemment que Daphné et ses enfants ne savaient pas nager. Lui prit la fuite.

Ce fut un moment horrible, surtout pour Marie, elle s'était crue dans une machine à laver, elle essayait sans cesse de remonter sa tête à la surface, mais elle n'y parvenait pas, l'angoisse prit le dessus, et au plus elle se débattait pour s'en sortir, au plus elle se fatiguait. Elle perdit connaissance et se réveilla bien plus tard, au milieu de la nuit. Son premier réflexe fut de voir si sa mère allait bien. Par chance, tout le monde avait été sauvé, c'était un véritable miracle et Daphné se demandait bien comment cela avait été possible et surtout où avait disparu Edgar... Et c'est là qu'elle vit se dessiner une silhouette dans la nuit. Elle pensa d'abord qu'il s'agissait d'Edgar, mais la silhouette était bien trop grande pour que ce soit lui.

"Tout va bien ?"

C'était une voix grave, mais calme, gentille, elle intrigua grandement la petite Marie.
Enfin, la lune laissait apparaître la personne qui les avait interpellé. C'était un homme grand, fort, beau, quoiqu'un peu négligé et rustre, mais beau tout de même. Daphné regarda ses enfants et leur demanda d'aller un peu plus loin.

"Oui... Est-ce vous, notre... "Sauveur" ? Oh pardon, je suis encore toute chamboulée, je me prénomme Daphné..."

"Et bien... Vous avez d'la chance que le p'tit rouquin qu'vous avez sache utiliser sa voix, c'grâce à lui qu'j'vous ai vu en galère. Moi et mes collègues on est v'nus vous sauver et comme z'étaient un peu crevés, ils sont partis, moi j'ai veillé sur vous et vos enfants m'dame. J'me présente. O'Malley. Thomas O'Mally. Z'êtes charmante."

Marie vit sa mère toute gênée. Elle souriait, elle se disait que c'était tellement romantique, ses frères se moquaient d'elle, mais elle s'en fichait. Pour elle, le fait que sa maman rencontre un homme fut un vrai déclic. Tout ce qu'elle avait lu sur l'amour, comme Roméo et Juliette par exemple, allait peut être se reproduire -sans la fin tragique- et elle était prête à tout pour mettre ces deux-là ensemble.

"Vous d'vez aller où ? J'vous escorte demain s'vous l'voulez. On est dans un coin un peu mal famé là, ce s'rait dang'reux d'y aller seule avec vos gosses."

Daphné décida de faire confiance à ce Thomas qui l'amena tout d'abord dans un vieil appartement "abandonné". C'était là où ses potes et lui avaient élus domicile. Il était prévu qu'elle et ses enfants dorment ici puis qu'ils prendraient la route le lendemain.
Au final, ils ont plus fait la fête qu'autre chose, pour Marie, c'était une expérience inoubliable. Elle avait vu des nouvelles personnes, totalement folles, et ça lui avait plu. Elle avait dansé le "rock" pour la première fois de sa vie. Ce fut la seule et unique soirée de sa vie où elle avait pu se lâcher, sortir des conventions.

Le lendemain, ils prirent la route dans la vieille voiture de Thomas, ils mirent un longtemps avant d'arriver. Assez longtemps pour que Daphné et lui aient l'occasion de se rapprocher. Cette fois-ci, Marie en était sûre, elle voyait briller les étoiles dans les yeux de sa mère, et elle trouvait cet homme tellement gentil, surtout qu'il aurait très bien pu les laisser tomber, en plus son frère Théodore avait essayé de l'attaquer le sale gosse !

A leur retour chez eux, Adélaïde ne put retenir ses larmes, Edgar lui avait dit qu'ils étaient morts, mais ils se tenaient là, devant elle. Thomas fut rapidement intégré à la famille et devint le "papa" de Marie et de ses frères. On ne découvrit jamais qu'Edgar avait tenté de les tuer.

Ce fut au cours de son neuvième anniversaire que l'on découvrit que Marie était une future sorcière, tout comme ses frères. Leur mère était née moldue, mais elle ne fut pas étonnée de savoir qu'ils avaient quelques pouvoirs. Elle en était d'ailleurs très heureuse. Cet été, Marie, Benjamin et Théodore reçurent leur lettre pour rentrer à Poudlard, Daphné avait tout préparer pour que la rentrée de ses enfants soit parfaite. Marie, elle brûlait d'impatience. Elle pensait que tout cela appartenait aux contes, et ne se serait jamais doutée qu'un jour, elle étudierait la magie.