Elle était là. Des cheveux magnifiquement noirs, un teint si pâle qu’on aurait pu penser que c’était du coton, sa peau en avait l’apparence duveteuse tout du moins. Elle était attablée avec ses amis de Serdaigle. Elle n’avait pas beaucoup changé, Blanche. En fait, quelque chose avait changé. Anna et Blanche ne se parlaient plus depuis des lustres. Elles qui pourtant avaient l’habitude de jouer ensemble quand l’une allait chez l’autre, deux fois par an. Leurs parents étaient très amis, mais désormais les deux jeunes filles étaient orphelines. Et depuis le décès de leurs parents respectifs, elles ne s’étaient pas revues. Jusqu’à leur arrivée à Poudlard. Et pourtant, cela n’avait pas changé leurs nouveaux rapports. Elles s’ignoraient. Beaucoup de choses avaient changé, leur comportement notamment. Anna se disait que Blanche ne voulait plus lui parler. C’était triste, elles qui s’inventaient des histoires extraordinaires. Anna se souvenait qu’une année, elles s’étaient prises pour des fantômes et s’étaient mises à courir si vite dans les bois qu’elles avaient fini par se perdre. Blanche était tombée dans les ronces et elles avaient finalement retrouvé leur chemin jusqu’à la demeure des Snow. Les deux enfants étaient pleines de boues et Blanche toute écorchée. Leurs parents avaient accouru, soulagés de revoir en vie leurs petites filles. La mère d’Anna avait eu si peur, elle qui avait déjà faillit perdre sa précieuse fille.
Anna secoua la tête pour chasser ce souvenir, elle ne voulait pas repenser à ses parents. Elle ne voulait pas pleurer. Mais cependant, elle ne pouvait s’empêcher de fixer Blanche. Quand un plus grand l’avait embêté, Anna n’avait pas hésité à lui jeter un sort en douce. Et au fond d’elle, elle savait que Blanche ferait de même. Alors pourquoi ne pas aller lui parler ? Elle se mis à enrouler ses cheveux roux autour de son doigt, sa mèche blanche entortillée ressemblait à une glace à l’italienne.
De quoi as-tu peur Anna ?
Si seulement elles avaient été dans la même maison, elles auraient pu parler plus facilement, un soir dans leur dortoir. Mais tout semblait les éloigner en réalité. Anna se disait que c’était comme … un signe. Et elle renonça à faire le premier pas. Après tout, elle était loin, et Anna avait peur de se faire rejeter devant tout le monde. Elsa l’avait déjà fait et Anna savait combien le rejet de quelqu’un qui nous est proche pouvait être douloureux.

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Anna avait chassé ses pensées. Il n’était pas bon de repenser au passé, ce n’était pas une chose qu’elle appréciait faire. Elle préfère aller de l’avant, sourire, ne se préoccuper de rien … être heureuse.  Elle ne savait pas quoi prendre tant il y avait de choix. Des choux, des pains au chocolat : toutes sortes de viennoiseries, des biscuits, des céréales. Elle avait très faim, tout lui donnait très envie. Mais la malédiction sur la nourriture l’effrayait un peu, si bien qu’elle n’osait prendre quoi que ce soit. Elle se décida finalement à prendre du jus de citrouille et du cake à l’orange qu’elle se mit à déguster doucement. Elle se disait que si ce qu’elle avait pris était ensorcelé, au moins elle aurait le temps de s’en rendre compte et d’arrêter immédiatement de manger.
Elle releva la tête rapidement pour regarder Blanche, la jeune brune l’observait maintenant à son tour. Anna rebaissa tout de suite la tête. Elle attendit un instant pour vérifier si la jeune fille la fixait toujours, mais elle n’était plus à sa place. Anna tourna la tête dans tous les sens, cherchant son amie d’enfance des yeux. Et c’est là qu’elle entendit une voix douce dans son dos :
« Salut Anna, comment vas-tu ? »
C’était Blanche. Elle avait donc vu qu’Anna l’observait quelques instants plus tôt. La rousse s’arrêta de manger pour se retourner vers Blanche, se demandant ce qui l’avait poussé à faire le premier pas.  Anna n’osa pas lui répondre, aucun mot ne sortait, elle voyait en cette fille plus jeune qu’elle le souvenir de ses parents décédés. Anna était triste, elle qui était d’habitude si joyeuse elle ne savait comment vivre cette émotion. Elles étaient toutes deux mal à l’aise, elles ne s’étaient pas parlé depuis des lustres. Blanche finit par ajouter :
« Je peux faire quelque chose pour toi ? Je vois que tu m’observes depuis tout à l’heure. »
Anna se demanda comment Blanche l’avait pris, si la jeune rousse n’était pas passée pour une sorte de psychopathe. Au final, elle essaya difficilement d’articuler quelques mots.
«  Je .. hum .. oui. Je repensais à nous, quand nous étions petites. Je me demandais comment on a pu se perdre de vue de la sorte. J’aurais peut-être dû faire plus d’efforts je suis désolée … Ca me fait bizarre de te voir si souvent sans jamais te parler, comme si nous ne nous étions jamais connues. Excuse-moi. »
Anna baissa la tête, espérant que sa réponse suffise à Blanche, même si pour Anna ce n’était pas une excuse valable.

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