S'il y avait bien un truc que je reprocherais à Poudlard, c'était l'absence totale d’électricité et de réseau. Donc impossible d'utiliser son téléphone mobile, par exemple. J'aurai eu des nouvelles de mon père plus tôt, si y'en avait eu. Le pauvre était parti présenter une invention à un richissime mécène. D'où l'absence de nouvelles pendant près de deux semaines. J'étais soulagée, au moins, il ne lui était rien arrivé. Donc j'étais plus sereine depuis deux jours. J'avais retrouvé un minimum le sourire. Même si j'avais du me priver de mon téléphone et de ma console... Bah oui, sans électricité, ça ne fonctionnera pas super bien.

Contrairement à ce que certains pouvaient penser de moi, j'aimais me détendre et m'amuser de temps en temps, même si je n'avais pas la même définition du verbe s'amuser qu'eux souvent. D'où ma solitude. Je me sentais souvent à part, comme... Différente. Et, quand j'avais ce sentiment, je n'avais envie que d'une seule chose, quitter cette vie grotesque pour aller trouver ma place, ailleurs sans doute, puisqu'elle n'était vraisemblablement pas là. Bon, j'avais quelques amis quand même, Eric, que je considérais comme un frère, Mérida aussi. C'était injuste que je pense ainsi, injuste pour eux et l'amitié qu'ils me portaient.

Je jetais un coup d’œil dehors. Il faisait gris, mais il ne pleuvait pas. J'avais envie de sortir... J'avais besoin de sortir. J'attrapais une veste légère, blanche, que j'enfilais par dessus mon t-shirt vert et mon jean, mon sac à extension et sortais aussi vite que possible du château. Je pris une profonde inspiration. De l'aiiiir ! Je souris. J'aimais tellement cette sensation de liberté quand j'étais dehors ! J'avais l'impression de pouvoir faire ce que je voulais.

Je pris sans trop réfléchir le chemin du lac noir. Un coin tranquille en général, à croire que les gens avait vraiment peur de ce qui pouvait ce cacher là-dedans. J'y arrivais assez rapidement et m'assis à quelques mètres de l'étang, regardant le calme de l'eau, quelques ondulations de temps à autre mais rien de très violent. J'appréciais grandement ce calme. Ça me permettait de me vider la tête, quand j'en avais besoin.

Je fouillais dans mon sac quelques secondes avant d'en sortir mon Rubik's cube. Mon père me l'avait déstructuré avant que je ne reparte à Poudlard. Et je n'avais pas encore eu le temps de le refaire. C'était l'occasion. Je regardais le cube quelques instants, avant de faire doucement coulisser les lignes, les unes après les autres.

Quand j'étais comme ça sur un rubik's cube, rien ne pouvait me déconcentrer. J'étais tellement dans ce que je faisais qu'une bombe aurait pu exploser pas loin, je n'aurai même pas lever la tête, c'est vous dire. Trois fois sur la gauche, deux fois sur la droite. J'avais un petit sourire satisfait. Il ne serait pas trop difficile à refaire. Mais bon, vous imaginez bien que concentrée comme je pouvais l'être, je ne la vis pas du tout arriver. Et lorsque l'objet s'arracha à mes mains, la seule chose que je pus dire, c'est :

« Hey ! »

Je levais les yeux vers l'inconnue, qui fixait le jeu d'un air perplexe et complètement fasciné. Je l'avais déjà croisée sans doute, Poudlard n'est pas assez grand pour qu'on ne se croise pas tous, de toute manière, mais je ne lui avait jamais parlé, c'était certain. Je me levais afin de lui faire face, toute surprise que j'étais de m'être fait arraché le cube en pleine réflexion. Quand elle se présenta j'ouvrais grand les yeux et ne pus m'empêcher de rire. La situation était tellement surréaliste que je ne pouvais retenir mon hilarité. Je lui souris ensuite, franchement.

« Excuses-moi. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'on vienne m'alpaguer pour un rubik's cube en fait, ça m'a fait rire. Enchantée, je suis Isabelle Leprince, de Serdaigle. »

Je passais une main dans mes cheveux. C'était forcément une Sang Pur, vu qu'elle ne connaissait pas le cube, mais apparemment, elle semblait très curieuse, et cela me plaisait. Ce n'était pas une de ses filles snobs parce qu'elles ont le sang pur. Elles n'étaient pas toute comme ça, heureusement, j'en avais déjà eu la preuve avec Merida. Mais bon, j'en avais déjà vu. Et inutile de leur parler des Moldus, elles n'en avaient rien à faire. Mais elle, je savais d'avance qu'elle pourrait faire partie de mes amis. Juste son attitude franche et curieuse me le faisait penser. Je souris.

« Ca s'appelle un rubik's cube. On fait coulisser les différentes lignes de carrés pour faire des faces d'une seule couleur, regarde. »

Je lui repris doucement le jouets des mains et, après l'avoir observé en quelques secondes, le refis en moins d'une minute. Puis, je lui montrais.

« Voilà. »

J'avais un petit sourire doux et amical en lui tendant le jeu, je n'avais pas envie de paraître désagréable, surtout qu'elle avait l'air gentille comme tout.

Quand elle qualifia le jouet d'étrange, je ne pus m'empêcher de sourire. Connaissant le monde moldu, effectivement ce genre de remarques pouvait me paraître assez rigolote. Mais bon, elle était certainement née intégralement dans le monde sorcier d'où sa réflexion, et je la comprenais. On ne voyait pas de Rubik's cube tous les jours quand on naissait directement dans le monde sorcier. Je lui souris quand elle me fit remarque le fait que j'étais « douée ».

« En fait, j'ai surtout l'habitude, je pense. »

Effectivement, elle était Sang-Pur, d'où ses réactions. Son père ne voulait pas qu'elle approche des moldus ? Etrange personnage ! Mauvais ? Oula ! Il devait s'être passé quelque chose pour qu'il pense ça des moldus. Ou alors, c'était un mangemort, mais franchement, je ne pensais pas, ou alors je préférais ne pas le penser t favoriser sévèrement la première option. Aussi quand elle me demanda si je m'y connaissais, j'acquiesçais doucement d'un mouvement de tête.

« On peut dire que oui. Je suis de sang mêlée, ma mère était moldue. Mais mon père est fascinée par les inventions et est lui même devenu inventeur d'objets moldus. Alors nous vivons en dehors du monde magique, dans un village tout ce qu'il y a de plus moldus. Alors on peut dire que oui, je connais bien les objets moldus. D'ailleurs les canards en plastique, c'est juste un jouet pour le bain en fait. Ça flotte sur l'eau. Ça amuse les bébés. »

Enfin, oui, en général c'était pour les enfants, même si je savais que mon père en mettait un dans son bain pour lui tenir compagnie. Je lui offrais un nouveau sourire et lui tendis le cube.

« Tiens, je te l'offre. J'en ai deux autres. »

Je posais le cube dans ses mains et m'installais de nouveau dans l'herbe, l'invitant à s'asseoir près de moi. Je n'avais pas vraiment l'occasion de rencontrer des personnes tous les jours. Pour une fois que je pouvais le faire, et en plus que la personne était plus qu'amicale, je n'allais pas râler. Au contraire, j'étais bien contente de pouvoir faire sa connaissance. Elle avait l'air tellement gentille.

« Dis, comment ça se fait que tu es aussi fascinée par les moldus. Je n'ai jamais vu ça avant, ça m'intrigue. Mais je trouve ça génial ! T'es vachement curieuse ! »

Et je le pensais vraiment. Ça me plaisait, vraiment ! J'étais certaine que j'allais bien m'entendre avec elle.